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Nuit rose sur le Danube bleu... 
 
 
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72 ième épisode de la série

Titre : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO  
 
: « LE MYSTERE DU SUPPLICE PERCE »
 
72ième épisode 
 
 
 
PERSONNAGES : 
ROBERTO 
MISS MARYL 
YANN HESSE (Sous les traits de Glooscap) 
CHRISTINE BOULANGER (Le profiler) 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS 
SYLVESTRE 
MEJIGA LE GOELAND 
 
 
AUTEUR : Emilien Casali 
casali.emilien@wanadoo.fr 
 
 
 
CI-DESSOUS, LA CLASSE DE CAMELIA BEATRICE TODORAS DONE QUI A JOUE AVEC SES ELEVES LA PIECE DANS LE CADRE DE LA FÊTE DE LA FRANCOPHONIE - DECOUVREZ LES PHOTOS QUI ILLUSTRENT LE TEXTE 
 
 
 
- Les personnages ont été interprétés par: 
YANN HESSE: RAMONA MAXIMIUC 
MEJIGA: IONELA PAVLIUC 
MISS MARYL: ALINA PRESEJNIUC 
SYLVESTRE: ANDREEA TANASOAIE 
ROBERTO: IONEL SAHLEAN 
LE COMTE: DORINA TCACI 
 
 
ILLUSTRATION DE LA PIECE :  
 
Les élèves de Dorina Cornea  
Oltenescu Amalia-Elena (16 ani, clasa a IX-a A) 
Popa Isabela-Cristina (15 ani, clasa a IX-a A) 
Oltenescu Amalia-Elena (16 ani, clasa a IX-a A) 
Dumitrescu Madalina (16 ani, clasa a X-a A) 
 
L'élève de la classe de Lucica Ion :  
Andreea Rotaru, Ginel Ostafe, Danut Harnea  
 
 
Les élèves de Emilia Popoviciu : 
Andrada Raica, Florina Florea, Georgiana Doghi, Ioana Cosa  
 
 
Elèves de Georgeta Manea 
Mihaela Haican et Liviu Borloiu 
 
 
Les élèves de la classe de Maria Boz et Silvia Stan 
Ciobanu Paul, Such Robert, Cernaut Oana, Sarbu Teodor, Moruz Stefan, Budeanu Anca, Panaite Ana-Maria, Croitoru Alexandra, Ilie Cristina, Cojocaru Adelina, Trus Robert 
 
LIEU : Sur le Rocher Percé (Gaspésie - Québec) 
GENRE : Comédie Fantastique 
AUTEUR : EMILIEN CASALI 
 
PROTECTION SACD N° 172 748 
 
 
PROLOGUE 
 
YANN HESSE, LA VOIX DE MEJIGA (Dans l’ordinateur) 
 
 
 
Nous sommes en fin de soirée, dans la chambre de Yann Hesse à Montréal  
(Québec).  
 
Yann est placé derrière son ordinateur. 
 
YANN HESSE, les yeux collé sur l’ordinateur, lit un texte à haute voix 
Voyons voir… Gaspésie… Indien Micmacs… Là ! Ca y est ! Je tiens mon Rocher Percé… Voyons voir un peu ce que dit la Légende : (Il lit à haute voix) « Capturé au cours d'un raid d'hiver, un jeune chef Iroquois est condamné à être exposé au soleil, l'astre vénéré des Micmacs, à l'équinoxe du printemps, jusqu'à ce que mort s'en suive. Les bourreaux choisissent le sommet du Rocher Percé comme lieu de supplice. Pour la récolte des oeufs de goéland les Amérindiens accèdent au sommet du Rocher Percé par une grossière échelle… » 
 
LA VOIX DE VIVIANNE 
Il est l’heure d’aller te coucher, Yann, il se fait tard !  
 
 
 
YANN HESSE 
Oui, M’man ! (Il poursuit la lecture à voix basse) « De l'hiver à l'équinoxe, Méjiga, la simple, l'orpheline de 17 ans méprisée par les jeunes braves de la tribu, visite plusieurs fois le prisonnier. Les compagnes de Méjiga tirent les cheveux du jeune chef, lui plantent des arêtes de poisson dans les cuisses en l'appelant "fils de chien". Méjiga le nourrit en cachette. Un jour, le jeune homme la remercie d'un tendre regard. Elle en devient éperdument amoureuse…  
 
 
 
LA VOIX DE VIVIANNE 
Tu ne vas pas être en forme pour aller à l’école, demain matin. Eteins la lumière de ta chambre à présent.  
 
YANN HESSE 
« Oui, M’man ! (Il poursuit la lecture à voix basse) « La jeune fille décide de le délivrer et de fuir avec lui. Pour délivrer son bien-aimé, une nuit, en secret, Méjiga grimpe sur le Rocher armée d'un couteau. En bas, une pirogue chargée de vivre attend les fugitifs. Que se passe  
t-il là-haut ? Le lendemain sur la grève de l'Anse-du-Nord, on trouve le cadavre du prisonnier la gorge ouverte.Méjiga ne reparaît jamais.»  
 
 
 
LA VOIX DE VIVIANNE 
Eteins la lumière, maintenant !  
 
C’est alors que la lumière s’éteint sans que Yann ait appuyé sur l’interrupteur. 
 
YANN HESSE 
Voilà qui est fait, M’man ! Il suffisait de le demander.  
 
LA VOIX DE VIVIANNE 
Bonne nuit, mon fils ! Fais de beaux rêves ! 
 
 
 
 
YANN HESSE 
Toi aussi, M’man ! Je t’embrasse, M’man !  
 
LA VOIX DE VIVIANNE 
A demain, mon fils !  
 
 
 
YANN HESSE 
Oui, c’est ça, à demain ! Bon, où en étais-je déjà ? Voilà ! (Il poursuit la lecture sur l’écran de l’ordinateur) « La légende veut que le Grand Esprit, touché par le désespoir de Méjiga, l'ait changée en goéland pour lui faire oublier la mort de l'aimé, égorgé sous ses yeux. Inconsolable, Mijiga le Goéland tourne la nuit autour du Rocher en se lamentant. 
 
Soudain, le bras de Méjiga sort de l’écran et se saisit de Yann par le col. 
 
LA VOIX DE MEJIGA (Dans l’ordinateur) 
Méjiga t’interdit de fouiner dans ses affaires, jeune homme !  
 
YANN HESSE 
Hein ? C’est quoi ce truc ?  
 
LA VOIX DE MEJIGA (Dans l’ordinateur) 
Tu as enfreint Notre loi, petits garnements. Tu dois payer. 
 
YANN HESSE, à lui même 
C’est bien plus qu’un rêve, M’man, c’est une hallucination !  
 
LA VOIX DE MEJIGA (Dans l’ordinateur) 
Ferme ton clapet, Yann Hesse ! Et viens avec moi ! (Son bras entraîne Yann dans l’écran) Je te condamne au supplice du prisonnier Iroquois ! 
 
 
 
YANN HESSE, 
C’est quoi ce délire ? Maman !!!! 
Yann Hesse disparaît à l’intérieur de l’écran entraîné par le bras de Méjiga. 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
--------------------------- 
 
ACTE 1 / SCENE 1 
 
SYLVESTRE, LE COMTE, MISS MARYL, ROBERTO 
 
QUELQUES JOURS PLUS TARD….  
 
EN FIN DE JOURNEE… 
 
 
 
L’action se situe à présent dans le grand salon de l'hôtel Pimodan, situé au bord de l'île Saint-Louis à Paris, éclairé à son extrémité par quelques lampes. Les mûrs boisés de menuiseries peintes en blanc sont couverts à moitié de toiles rembrunies au cachet de l'époque. Dans la pièce se tient un poêle gigantesque, et sur le sol repose un tapis Persan sur lequel est placée une table basse entourée de coussins dorés. Soudain, la sonnette retentit...  
 
 
 
SYLVESTRE, entre dans le grand salon, suivi du Comte 
Je vous en prie, entrez, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Bié ! Mettez-vous à l’aise ! Monsieur et Mademoiselle seront ravis de vous recevoir à l’hôtel Pimodan ! (Il tient une chandelle) 
 
LE COMTE, porte un peignoir et tient une canne  
Vous permettez, mon garçon, que je rectifie : De la Bouche-En-Biais et non De la Bouche-En-Bié ! Tiens ? Il me semble vous avoir vu quelque part !?  
 
SYLVESTRE 
Monsieur le Comte de la Bouche-En-Bié doit me confondre avec mon sosie. 
 
LE COMTE, lui botte les fesses 
De la Bouche-En-Biais, Biais ! Bon sang ! Combien de fois faudra-t-il le dire ? 
 
 
 
SYLVESTRE 
Je parie que j’ai la même intonation de voix que lui, sans l’accent méridional, et que je lui ressemble trait pour trait physiquement.  
 
LE COMTE 
Vous êtes pire que Monsieur Sylvestre, l’ex facteur ! Je n’avais pas à répéter deux fois la même chose avec lui. Il n’était pas bouché des oreilles comme vous.  
 
SYLVESTRE 
Lui au moins, il avait de la « classe » ! Du charme ! Du feeling ! De l’esprit ! 
 
LE COMTE, lui botte les fesses 
Taisez-vous, nom d’une pipe !  
 
SYLVESTRE 
A vos ordres, Monsieur le Comte !  
 
LE COMTE 
Eh bien, comment se fait-il que mes hôtes ne soient pas là pour m’accueillir ?  
 
SYLVESTRE 
Mademoiselle se relaxe dans le jacuzzi. Quant à Monsieur, va savoir où le Micro-Téléportateur-Véhiculaire a bien pu l’entraîner cette fois- 
ci ? Il se trouve que Monsieur fait des expériences, ces jours-ci… 
 
 
 
LE COMTE 
Cela suffit, nom d’une pipe ! Je suis fatigué, fatigué, comprenez-vous ? J’arrive d’Australie où j’ai séjourné malgré moi. (Il secoue Sylvestre violemment) Maudit Sylvestre ! C’est lui qui m’a mis dans le pétrin. Car figurez-vous, mon garçon, que j’ai vécu une aventure pittoresque dans le Bush Australien pendant deux mois en compagnie d’une bande de sauvages mal rasés qui sentaient drôlement la charogne. A cause de cette andouille de Sylvestre, j’ai dû me farcir de la tête de kangourous accompagnée de bouillie de fourmis rouges et épouser de force la fille du chef en prime. 
 
SYLVESTRE, l’entraîne vers la table 
Monsieur et Mademoiselle prient Monsieur le Comte de s’asseoir sur les coussins en attendant leur arrivée. 
 
LE COMTE 
Nos deux tourtereaux auraient tout de même pu prévoir une chaise ou deux !  
 
SYLVESTRE 
C’est que Monsieur et Mademoiselle apprécient tout particulièrement le style oriental. Ils sont très sobres. C’est tellement plus cool comme atmosphère !  
 
LE COMTE 
En voilà une façon de recevoir un ami prestigieux tel que moi, Christophe Rodolphe David Miguel… 
 
SYLVESTRE 
…Charles-Henri René et tutti quanti ! Bon, allez, couchez-vous !  
 
LE COMTE se parlant à lui même 
Je ne comprends pas ? Depuis quand Roberto et Miss Maryl logent-ils dans ce lieu mythique parisien ? Je parie qu’ils l’ont squatté !... Ce qui ne m’étonnerait guère de leur part. J’ai toujours su que c’était de la graine de sauvageons sans scrupules, ces deux là.  
 
SYLVESTRE 
Comme je disais donc… Monsieur fait des expériences, ces jours-ci… qui ne sont pas toujours très concluantes. Il nous revient chaque fois complètement lessivé, en état de décomposition, si vous voyez ce que je veux dire… 
 
 
 
LE COMTE, se parlant toujours à lui même 
Et moi qui m’attendais à séjourner dans un petit hôtel 2 étoiles. Ils sont vraiment sans gêne, ces deux là !  
 
SYLVESTRE 
D’ailleurs, pour tout vous dire, il se plante chaque fois de destination ou bien il se rend nulle part. J’ai beau lui expliquer que c’est une question de concentration, il ne veut rien savoir. Il n’en fait qu’à sa tête ! 
 
LE COMTE 
Ils ont enfreint la loi ! En France, le squatte peut-être passible d’une peine de prison très lourde ! 
 
SYLVESTRE 
Depuis que je lui ai mis le Micro-Téléportateur-Véhiculaire entre les mains, du soir au matin, il n’arrête pas de jouer avec comme un gamin. (Il lui parle dans l’oreille) Entre nous, il joue un jeu dangereux avec son enveloppe corporelle. Un beau jour, on le ramassera à la petite cuillère, c’est moi qui vous le dis. Ce n’est pas donné à n’importe qui que de pouvoir se télé porter dans l’espace-temps infini comme par magie.  
Roberto ferait mieux de m’écouter au lieu de faire l’entêté !  
 
 
 
LE COMTE 
Cela suffit ! Je m’en vais ! Pas question de rester une minute de plus dans ce squatte de luxe ! Je ne tiens pas à avoir des problèmes avec la justice. (Il se lève et s’apprête à sortir) 
 
SYLVESTRE 
Un instant, Monsieur le Comte ! Où allez-vous ? 
 
LE COMTE 
Vous ferez mes amitiés à nos deux tourtereaux. Hélas, je rebrousse chemin. Dites-leur de ma part que je ne tiens pas à finir mes vieux jours en prison, que j’aime la liberté par-dessus tout ! 
 
MISS MARYL, fait son entrée avec un plateau pour servir le thé et tombe nez à nez avec le Comte 
Christophe Rodolphe David Miguel et j’en passe ! Est-ce bien vous ? 
 
LE COMTE 
Ah, vous voilà enfin, Miss Maryl ! Il était temps ! Où est Roberto ? 
MISS MARYL, dépose le plateau sur la petite table 
Un petit thé au Jasmin, Monsieur le Comte ?  
 
Soudain la lumière ambiante s'éteint, remplacée par une lumière stroboscopique. Roberto apparaît comme par l'effet d'une baguette magique… 
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
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ACTE 1 / SCENE 2 
 
SYLVESTRE, LE COMTE, MISS MARYL, ROBERTO 
 
 
 
ROBERTO, tombe à terre en tremblant 
Bon sang ! Que se passe-t-il ? Je ne contrôle plus mon corps !  
 
Il tient une pyramide  
 
MISS MARYL 
Un petit thé, Roberto ? 
 
ROBERTO 
Aïe, aïe, aïe ! Quel mal de tête ! Je me sens tout lessivé ! 
 
SYLVESTRE 
Un de ces jours, vous finirez en compote puis liquéfié, Monsieur.  
 
ROBERTO 
Mais où suis-je exactement ?  
 
 
 
SYLVESTRE 
De retour au bercail ! Remettez-vous, voyons ! 
 
MISS MARYL, sert le thé 
Eh bien, mon cher, où avez-vous atterri cette fois-ci ? A en juger par votre mine, cela n’a pas dû être très gai. 
 
ROBERTO 
Une horreur totale ! Je me suis trompé de destination et retrouvé dans le vide, coincé entre deux mondes pendant un moment qui m’a semblé un siècle, sans air. 
 
SYLVESTRE 
Je vous avais pourtant prévenu, Monsieur l’entêté, de ne pas abuser de cet objet avant la mise au point définitive de son mode de fonctionnement. 
 
ROBERTO 
Cela exige d’expérimenter, non ? 
 
SYLVESTRE 
Je suis l’As de la concentration et cette tâche me revient, jeune insouciant !  
 
ROBERTO 
Admettez quand même que j’arrive à me télé porter.  
 
 
 
SYLVESTRE 
Mais vous n’êtes pas au point pour les destinations. 
 
ROBERTO 
Faites-moi confiance, j’y travaille dur ! 
 
SYLVESTRE 
J’ai décidé de reprendre mon bien, fini les expériences pour vous ! 
 
ROBERTO 
Donner c’est donner, reprendre c’est voler ! Et je suis proche du but. 
 
SYLVESTRE 
Rendez-moi mon M-T-V !  
 
MISS MARYL 
Ca commence à bien faire, vous deux (Elle se saisit du Micro-Téléportateur) Confisqué ! Cela vous apprendra. Maintenant, buvez votre thé, Roberto, et que ça saute ! (Puis elle remet l’objet triangulaire à Sylvestre) Tenez, prenez votre M-T-V et faites-le disparaître d’ici,  
merci !  
 
SYLVESTRE 
A vos ordres, patronne ! (Sylvestre sort) 
 
ROBERTO 
Ce n’est pas possible ! Vous ne pouvez pas me faire ça, juste au moment où j’allais atteindre mon but. J’ai acquis la technique de concentration idéale.  
 
 
 
MISS MARYL 
Je ne veux plus vous entendre, OK ? Et maintenant, buvez votre thé ! Une autre tasse, Comte ? 
 
LE COMTE (songeur) 
Les rapports entre l’employeur et son domestique sont particulièrement familiers de nos jours. Ca finira bientôt à tu et à toi ! 
 
ROBERTO 
Christophe Rodolphe et j’en passe… vous ici ? Dites-moi que j’hallucine !  
 
LE COMTE 
En chair et en os ! Alors, comme ça, Monsieur Roberto disparaît et revient dans son squatte comme par l’effet d’une baguette magique pour visiter des mondes parallèles ! Je préfère vous mettre au parfum tout de suite, je ne resterai pas ici une seconde de plus.  
 
 
 
MISS MARYL 
Et moi qui vous avais réservé la meilleure chambre de cet hôtel particulier.  
 
LE COMTE 
Je ne désire nullement coucher dans un squatte, Mademoiselle. Votre surprise à deux balles ne m’émeut point. Je tiens à rester en liberté. Je ne veux pas finir en prison, comprenez-vous ?  
 
MISS MARYL 
Vous vous méprenez, très cher, nous sommes les locataires de L’hôtel Pimodan. La municipalité de Paris nous a offert un séjour d’un an dans cet hôtel particulier, après notre aventure héroïque au Gré du vent. Le monde entier a suivi nos exploits « par delà et là pour ! » 
 
LE COMTE 
Eh bien, vous en avez de la chance !  
 
MISS MARYL 
Roberto et moi vous proposons la chambre d’hôtes avec jacuzzi… lit à baldaquin… balcon doré à l’or fin incrusté de pierres précieuses dont les noms m’échappent, avec vue imprenable sur la Seine. 
 
 
 
LE COMTE 
Je regrette. N’insistez pas.  
 
SYLVESTRE, surgit, tenant un journal 
Sa majesté serait stupide de ne pas en profiter ! (Il remet le journal à Roberto) Tenez, je vous ai apporté les news. (Il prend l’accent méridional) Quand je pense que j’ai commandé plusieurs bouteilles de Champinelle, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais, Biais, Biais, Biais… afin que l’on puisse trinquer à nos retrouvailles. (Il lui présente une bouteille ) Voici le fleuron de votre propriété viticole, Majesté !  
 
LE COMTE, le prend par le col 
Vous êtes un voleur ! 
 
SYLVESTRE 
Allez, buvons à nos retrouvailles ! 
 
LE COMTE 
Bon sang ! Je reconnais cette voix. Cette andouille me cache quelque chose, j’en suis sûr ! 
 
SYLVESTRE, retire son masque 
C’est vous qui l’aurez voulu, Majesté.  
 
LE COMTE 
Monsieur Sylvestre ! 
 
SYLVESTRE 
La vie est belle, Monsieur le Comte ? Vous voulez des jumelles pour mieux me contempler.  
 
MISS MARYL 
Notre ex facteur voulait tout simplement vous faire une surprise, Comte, en se faisant passer pour le groom de service. Géniale comme idée, non ! 
 
LE COMTE, lui tire l’oreille 
Espèce d’andouille ! A cause de vous, j’ai failli crever dans le Bush Australien ! Après la bouillie de fourmis, on m’a fait avaler de la purée de guêpes. (Il le menace avec sa canne) Mais enfin, pourquoi ne pas m’avoir prévenu de votre départ précipité en montgolfière, ce matin- 
là ?  
 
 
 
SYLVESTRE 
Je ne voulais pas déranger votre sommeil, Monsieur le Comte. Vous qui étiez si confortablement allongé aux cotés de la fille du chef aborigène, qui vous enlaçait façon Boa, vous me comprenez. Quel spectacle à la fois grandiose et animal ! Je dois vous laisser car j’ai à faire, Majesté. (Il se retire) 
 
LE COMTE, part à ses trousses 
Je vous maudis, Sylvestre ! Je vous maudis !  
 
MISS MARYL 
Décidément, ces deux-là ! Je me demande si j’ai bien fait d’inviter le Comte, vous m’écoutez, Roberto ? 
 
ROBERTO, consulte les news  
Pauvre garçon ! (Il tend le journal à Miss Maryl) Lisez donc cet article dans les faits divers. 
 
MISS MARYL 
Ce n’est pas le moment. Je dois m’occuper du dîner.  
 
ROBERTO, lit l’article à haute voix 
« Dans la nuit du 20 au 21 mars, le célèbre auteur de téléroman québécois, Yann Hesse disparaît de son domicile de Montréal…»  
 
MISS MARYL 
Vous avez bien dit Yann Hesse ? 
 
ROBERTO, poursuit 
« Au matin du 9 mars, à 8 h00, Viviane, se rend dans la chambre de son fils, et découvre à sa grande surprise le lit vide. Elle cherche en vain une lettre ou un mot d’explication et se décide à alerter la Police québécoise. Une enquête est actuellement menée afin de déterminer s’il s’agit d’une fugue ou d’un enlèvement. »  
 
 
 
MISS MARYL 
J’espère qu’il ne lui est rien arrivé de grave. 
ROBERTO, poursuit à haute voix 
« Pour les besoin de l’enquête, la police Montréalaise a fait appel aux services de Christine Boulanger, l’un des meilleur profiler du Québec. »  
 
MISS MARYL 
C’est étrange ! 
 
ROBERTO 
Croyez-vous qu’il s’agisse d’un enlèvement avec demande de rançon ?  
 
MISS MARYL 
La soupe va brûler ! Vite ! (Elle sort suivie de Roberto) 
 
 
LE RIDEAU TOMBE 
 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
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ACTE 1 / SCENE 3 
 
MISS MARYL, ROBERTO, LE COMTE, SYLVESTRE 
 
LE RIDEAU SE LEVE  
 
 
 
Plus tard, pendant le dîner… 
 
Nos 3 protagonistes sont à table et partagent une soupe ; Roberto, se tient à l’écart le nez collé sur son journal. Nous sommes toujours dans le salon.  
 
MISS MARYL 
Alors, comment trouvez-vous ma soupe, les amis ? 
 
LE COMTE 
Fameuse, Miss Maryl !  
 
MISS MARYL 
Mangez votre soupe, Roberto, elle va refroidir ! 
 
ROBERTO 
Oui, oui… un instant…  
 
MISS MARYL 
Vous voulez bien lâcher le journal cinq minutes, Roberto.  
 
ROBERTO 
La thèse de l’enlèvement est infondée. J’ai beau lire l’article de long en large… 
 
MISS MARYL, lui arrache le journal des mains 
On en reparle après le souper, OK ? (Elle lui retire le journal des mains) Mangez votre soupe ! 
 
SYLVESTRE 
C’est quoi cette histoire, Roberto ? 
 
MISS MARYL 
Un jeune québécois a été enlevé dans sa chambre récemment. Les ravisseurs réclament une rançon. 
 
ROBERTO 
Rien ne prouve qu’il s’agisse d’un enlèvement. Vous vendez la peau de l’ours avant de l’avoir tuée, Miss Maryl. 
 
MISS MARYL 
C’est mon point de vue en tout cas.  
 
ROBERTO 
Je suis sûr que ce garçon a fait une farce à sa mère.  
 
MISS MARYL 
Vous plaisantez ? 
 
ROBERTO 
Et il n’en est pas à sa première ! C’est un petit rigolo. Il est capable de tout pour se faire remarquer.  
 
SYLVESTRE 
Vous le connaissez ?  
 
MISS MARYL 
Un ami de longue date de Roberto.  
 
 
 
ROBERTO 
Il s’appelle Yann Hesse. C’est un jeune auteur de téléroman.  
 
MISS MARYL 
Yann Hesse et ses camarades de classe ont joué une pièce de Roberto au Québec. 
 
LE COMTE 
S’agit-il des « Ongles de la nuit » ? 
 
ROBERTO 
En effet, il y a quelques mois, Yann Hesse et ses amis ont présenté cette pièce pour le spectacle de fin d’année sur la scène du théâtre scolaire de la ville de Montréal, au Québec… Celui-ci s’y est d’ailleurs illustré avec talent. C’est à cette occasion que j’ai découvert sa prédilection pour les grosses farces… Voilà, messieurs dames, vous savez tout ou presque sur Yann Hesse le farceur. Sylvestre lit l’article. 
 
LE COMTE, qui boit au goulot une bouteille de Champinelle 
Pas mauvais ce Champinelle ! 
 
SYLVESTRE, le nez collé sur le journal 
Je suis sur une piste, mes amis ! 
 
LE COMTE 
Monsieur le profiler va parler. 
 
SYLVESTRE 
Ne croyez pas si bien dire, Comte. 
 
ROBERTO 
Ne me dites pas qu’un détail dans l’article m’aurait échappé ? 
 
SYLVESTRE 
Bien plus qu’un détail ! Mais tout d’abord, saviez-vous que Yann Hesse était sur le point d’achever le 25ième épisode de son téléroman peu avant sa disparition ? 
 
ROBERTO 
Non, et après ? 
 
SYLVESTRE 
Mon petit doigt me dit que le jeune homme voulait se mêler d’une affaire qui ne le concernait pas… d’un sujet tabou, quoi ! 
 
ROBERTO 
Je ne vous suis pas, Sylvestre. 
 
SYLVESTRE 
Je viens de tomber sur un article qui en dit long sur l’endroit où se trouve actuellement votre jeune ami. Ecoutez plutôt… (Il lit l’article à haute voix) « Les teenagers attendaient avec impatience le 25ième épisode de la série, d’autant que le sujet traitait de la légende du Rocher Percé. » Nous avons la réponse, mes amis. 
 
ROBERTO 
Ah oui, comment ça ? 
 
SYLVESTRE, sort la pyramide de sa poche 
Vous allez pouvoir en juger par vous-même dans quelques instants. Vous permettez… je vais vous faire une petite démonstration de mes talents de prestidigitateur.  
 
MISS MARYL 
Que comptez-vous faire avec le MTV, Sylvestre ? Ne vous avais-je pas demandé de le faire disparaître ? 
 
SYLVESTRE 
Je crois bien que l’occasion nous est donnée de nous en servir. Il n’y a qu’à placer la pyramide au dessus de l’article et le reste suivra. Vous allez voir ce que vous allez voir… (Il dispose le journal sur la table et place l’objet au dessus de l’article) Maintenant, je vais vous demander un peu de silence.  
 
MISS MARYL 
Pas question de vous en servir ! 
 
ROBERTO, lui met la main sur la bouche 
Chut ! Laissez-le faire ! 
 
LE COMTE 
De quel droit m’interdit-on d’ouvrir la bouche ? 
 
ROBERTO, met la main sur la bouche du Comte 
Fermez-la ! 
 
SYLVESTRE 
Si tout se passe comme j’ose l’espérer, nous serons bientôt sur la piste de Yann Hesse. Donnons-nous la main, mes amis ! Tous unis, fixons le MTV et concentrons-nous dessus. Plus un mot, à présent, c’est compris ?  
 
Tous se concentrent autour de la table sur le Micro-Téléportateur-Véhiculaire… Soudain la lumière ambiante s'éteint, remplacée par une lumière stroboscopique. Roberto, Miss Maryl, le Comte et Sylvestre disparaissent du lieu comme par enchantement.  
 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
------------------------- 
 
ACTE 1 / SCENE 4 
 
YANN HESSE, MEJIGA LE GOELAND, SYLVESTRE 
 
 
 
Quelques temps plus tard…  
 
L’histoire se déroule à présent en Gaspésie, presqu’île massive située entre le golfe du Saint-Laurent et la baie des Chaleurs au Québec. Nous sommes à l’extrémité orientale où face à nous se dresse, détaché de l’escarpement calcaire du littoral, le Roché Percé creusé d’une arche naturelle. Une grossière échelle permet d’accéder au sommet. 
 
Formé au fond de la mer il y a 350 millions d'années, le Rocher Percé surgit des profondeurs tel un navire renfloué. Ce soir, nous sommes à marée haute… Le brouillard a envahi le site… Le vent souffle très fort… Yann Hesse est attaché au sommet du Rocher… Mijiga le Goéland vole en rase-mottes en poussant des cris stridents… 
 
 
 
YANN HESSE 
Tu ne m’impressionnes pas du tout, oiseau de malheur !  
 
MEJIGA LE GOELAND, tourne autour de lui 
Eh bien, petit vaurien, quel effet cela te fait de ne plus manger de bons desserts au chocolat depuis 3 jours ? 
 
YANN HESSE 
Ce n’est pas ton poisson cru qui va le remplacer ! Bon, tu veux bien me détacher, maintenant, ta plaisanterie a assez duré !  
 
 
 
MEJIGA LE GOELAND 
Pour que tu t’échappes à nouveau.  
 
YANN HESSE 
Ouais, mais là, vois-tu, nous sommes à marrée haute… je ne vais pas pouvoir plonger dans cette océan glacé. Tu piges ?  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Méjiga n’est pas stupide !  
 
YANN HESSE 
Je t’en prie, Goéland, laisse-moi partir !  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Bien au contraire, tu vas rester ici pour contempler les lumières de la ville de Percé.  
 
YANN HESSE 
Bon sang ! Ce que tu peux être agaçante !  
 
MEJIGA LE GOELAND 
L’heure du supplice approche, mon petit. Profite encore un peu de ta liberté.  
 
Méjiga prend alors l’apparence d’une indienne  
 
YANN HESSE 
Cela commence à bien faire, je veux rentrer chez moi ! 
 
MEJIGA LE GOELAND, sous l’apparence d’une indienne 
Tu resteras auprès de moi aussi longtemps qu’il le faudra.  
 
YANN HESSE, pousse un cri 
A l’aide !!!!!  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Tu perds ton temps. Tais-toi !  
 
YANN HESSE 
Maman !!!!!!!  
 
MEJIGA LE GOELAND, lui tire les cheveux 
Assez !!!!  
 
YANN HESSE 
Dans ce cas, ce n’est pas moi qui ferais la vaisselle ce soir.  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Silence !  
 
YANN HESSE 
Oui, Maîtresse !  
 
MEJIGA LE GOELAND, se parlant à lui-même 
Mon fiancé ne méritait pas de mourir aussi jeune. Lui et moi avions tant de belles choses à vivre...  
 
YANN HESSE 
Ah non ! Tu ne vas pas te remettre à gémir comme une poule mouillée ! Cela suffit tes lamentations ! J’ai les oreilles qui sifflent depuis 3 jours. Tiens, si tu allais me chercher une glace à la pistache au village d’en face. Tu serais sympa comme tout ! Ohé ! Tu m’entends ?  
 
MEJIGA LE GOELAND, se parlant toujours à lui-même 
Pourquoi me l’ont-il enlevé ?  
 
YANN HESSE 
A mon avis, il est allé rejoindre une autre cuisinière. Il en avait marre de manger du saumon cru tous les jours. Il voulait se farcir un bon « Giant » de chez Mac Do !  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Tais-toi donc, petit malotru ! Tu ne sais pas ce qu’il s’est passé… Et puis, de toute façon, tu ignores tout de l’amour !  
 
YANN HESSE 
Je te signale que j’ai une petite amie à Montréal.  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Tu ne sais pas ce que c’est que de perdre l’être cher, l’être aimé.  
 
YANN HESSE 
Tu rigoles, ma poule ! J’ai perdu ma souris la semaine dernière. Et crois-moi, cela m’a fait un gros chagrin. 
 
MEJIGA LE GOELAND, à lui-même 
Mon cœur ne connaîtra plus jamais cette sensation qui l’animait lorsque mon fiancé était de ce monde.  
 
 
 
YANN HESSE 
Au lieu de pleurnicher comme une vieille croûte, tu ferais mieux d’aller me chercher un « Burger frites au village de Percé : « Et un Burger frites pour le gentil garçon ! » Avec beaucoup de mayonnaise et pleins de Ketchup qui dégouline, s’il te plait ! » Je commence à avoir les crocs. Bon, c’est pour aujourd’hui ou c’est pour demain ?  
 
MEJIGA LE GOELAND, sort une hachette de sa poche 
Je ne sais pas ce qui me retiens de… 
 
YANN HESSE 
Tu ne vas bien ? Qu’est-ce tu fais ? Ce n’est pas bien de faire joujou avec ça ! 
 
MEJIGA LE GOELAND 
Je vais te couper la langue, Yann Hesse ! 
 
 
 
LA VOIX DE SYLVESTRE 
A votre place, je ne couperais rien du tout, ma petite dame ! 
 
MEJIGA LE GOELAND 
Hein ? Qui a parlé ? 
 
LA VOIX DE SYLVESTRE 
Vous ne trouvez pas qu’il fait plutôt froid par ici.  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Où es-tu, esprit du vent ? Montre-toi ! 
 
LA VOIX DE SYLVESTRE 
Alors, comme ça, tu t’apprêtais à couper la langue au jeune homme. Il est si terrible que ça ? 
 
MEJIGA LE GOELAND 
Va-t-en d’ici, Loup-Hurleur ! Tu ne peux être convié au supplice.  
 
LA VOIX DE SYLVESTRE 
Eh bien, qu’attendez-vous pour me chasser ?  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Tu n’es pas très loin. Je sens ton haleine putride.  
 
LA VOIX DE SYLVESTRE 
Je sors de table à l’instant même… je me suis rincé le gosier avec une bonne bouteille de sirop d’érable… mais de là à dire que mon haleine est putride… Allons bon ! Vous exagérez, ma petite dame !  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Où es-tu ? 
 
SYLVESTRE, apparaît au même instant au bord de la falaise 
Coucou ! Je suis là ! La vie est belle, ma petite dame ?  
 
MEJIGA LE GOELAND, fonce sur lui avec sa hachette 
Tu vas mourir, Loup Hurleur !  
 
SYLVESTRE, se pousse sur le coté 
Ollé !  
 
Méjiga tombe de la falaise et reprend aussitôt l’apparence du Goéland, puis s’envole au loin… Pendant ce temps-là, La pierre sur laquelle repose Yann Hesse s’enfonce sous la roche avec lui. Yann Hesse disparaît. 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 5 
 
ROBERTO, MISS MARYL, CHRISTINE BOULANGER 
 
 
 
ROBERTO, arrive en pirogue à la rame, avec à son bord Miss Maryl et Christine Boulanger, une torche à la main 
Ah ! Ce fichu brouillard… 
 
MISS MARYL, à l’avant de la pirogue  
Je crois que nous approchons du but. Là ! Voyez cette imposante silhouette !  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Le Rocher percé mesure exactement 475 mètres de long, 90 de large et 88 de haut. Du calcaire jaune et rouge compose ce géant de 5 millions de tonnes, vestige d'une mer chaude tropicale. Il contient des centaines de millions de fossiles, datant de quelque 400 millions d'années. On y  
retrouve, entre autres, le trilobite, ancêtre du homard.  
 
MISS MARYL 
Dites donc, ma chère Christine, je vois que vous êtes bien renseignée.  
 
ROBERTO, continue de ramer 
Madame le Profiler est un vrai guide touristique ! 
 
CHRISTINE BOULANGER 
Et ce n’est pas tout, Messieurs Dames : une grève borde le côté sud du Rocher Percé, alors qu'au nord la profondeur est telle qu'un navire peut y accoster. Le rocher subit constamment les assauts de la mer, du vent et du froid… 
 
ROBERTO 
On en a encore pour longtemps, les filles ?  
 
MISS MARYL 
Vous allez vous muscler, Roberto.  
 
ROBERTO 
Cessez donc de vous moquez de moi !  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Dans leur récit de voyage, les découvreurs des Amériques mentionnent la présence de 2 trous dans le Rocher. L'une des 2 arches s'est écroulée  
le 17 juin 1845. C’est elle qui forme le monolithe derrière nous. 
 
MISS MARYL 
Vous ne m’avez toujours pas raconté la fameuse légende indienne qui se rapporte au Golfe du Saint-Laurent ? 
 
 
 
CHRISTINE BOULANGER 
« ll y a de cela très longtemps, le Grand Esprit qui vit sur les Heureux Territoires de Chasse a créé l'univers et tout ce qui existe. Après avoir créé l'univers, le Grand Esprit s'est assis et il s'est reposé. Ensuite, il créa Glooscap et lui donna des pouvoirs spirituels et physiques spéciaux. Un jour, il appela Glooscap pour partager la pipe sacrée et il lui dit : « Glooscap, je vais créer les gens à mon image et je les appellerai Micmac ». Le Grand Esprit était fier de sa création. Il prit encore une fois sa pipe sacrée et il rappela Glooscap. Pendant que le Grand Esprit fumait, il remarqua une grande quantité de glaise rouge qui était restée après la création de l'univers. « Glooscap, regarde la quantité de glaise rouge aux mêmes teintes que la peau des Micmacs. Je vais faire de cette glaise, une forme en croissant et ce sera le plus bel endroit de tous les endroits sur la terre Mère. Ce sera la région des Micmacs. » Le Grand Esprit façonna une île enchanteresse qu'il nomma Menigoo. Il habilla sa peau rouge avec de l'herbe verte et des forêts luxuriantes habitées par une grande quantité d'arbres de toutes sortes et il les saupoudra de fleurs de toutes les couleurs. Le sol des forêts de cette île enchanteresse était comme un épais et doux tapis sous les mocassins des Micmacs. Minegoo était tellement jolie que le Grand Esprit était heureux; il était si heureux qu'il pensa placer Minegoo avec les étoiles. Mais après y avoir songé pendant un certain temps, Celui Qui Est Sage décida que Minegoo devrait être placée au milieu des eaux chantantes appelées aujourd'hui Fleuve St Laurent. » 
 
 
 
ROBERTO, continue de ramer 
Ohé, les deux pipelettes ! Ohé ! Ce n’est pas encore fini la visite guidée ! Je commence à avoir des crampes.  
 
CHRISTINE BOULANGER 
On va bientôt accoster, ne vous en faites pas ! Continuez de ramer !  
 
ROBERTO 
Ramer, ramer ! Ca fait plus d’une heure que je rame !  
 
MISS MARYL 
Ne commencez pas à ronchonner, mon ami ! 
 
ROBERTO 
Il parait qu’à marrée basse, on aurait mis 30 minutes à pied pour se rendre jusqu'au rocher !  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Effectivement, à marée basse, un isthme de galets permet aux visiteurs de se rendre à pied sec en l’espace de 20 minutes seulement.  
 
ROBERTO 
On a qu’à faire demi-tour et repasser demain matin et faire la randonnée à pied « sec » jusqu’au site. Ce sera plus cool ! D’ici là, le  
brouillard sera dissipé et la mer sera moins agitée.  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Seulement voilà, c’est cette nuit qu’à lieu l’équinoxe. 
 
ROBERTO 
C’est quoi encore cette histoire d’équinoxe ? Je vous préviens… si jamais vous m’avez fourré dans un pétrin… 
 
MISS MARYL 
Là ! J’aperçois une échelle ! Un dernier effort, Roberto ! Plus que deux mètres, et nous y sommes ! 
 
ROBERTO 
A vos ordres, Patronne !  
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
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ACTE 1 / SCENE 6 
 
MISS MARYL, ROBERTO, SYLVESTRE, 
CHRISTINE BOULANGER 
 
 
 
MISS MARYL, s’agrippe après l’échelle et grimpe sur le rocher 
J’espère que Yann sera là-haut ?  
 
CHRISTINE BOULANGER, qui s’agrippe également à l’échelle 
Je vous le confirme, ma chère ! Je l’ai encore aperçu dans ma paire de jumelles infrarouges, ce matin.  
 
ROBERTO, qui s’agrippe à l’échelle à son tour 
Je vous préviens, si jamais j’ai ramé pour rien… 
 
SYLVESTRE, tend la main à Miss Maryl 
Par ici, ma petite dame ! 
 
MISS MARYL 
Déjà là, Monsieur Sylvestre ! 
 
SYLVESTRE 
Comment ? Vous n’êtes pas ravi de me revoir ? Bon, j’avoue que ce n’est pas très gentleman de ma part de vous faire faux bon en plein milieu du repas. Mais dites-moi, Monsieur le Comte n’est toujours pas avec vous ?  
 
ROBERTO 
Je ne sais pas ce qui s’est passé ? Le système de téléportation avait pourtant bien fonctionné au départ de l’île Saint-Louis.  
 
SYLVESTRE 
C’est tout de même curieux qu’il ne soit pas arrivé dans le Comté de Gaspésie en même temps que nous. J’en déduis alors qu’il ne s’est pas bien suffisamment concentré sur la petite pyramide.  
 
MISS MARYL 
Christophe Rodolphe a peut-être atterri dans une autre galaxie ?  
 
ROBERTO, plonge dans les bras de Sylvestre 
Oh, mon dieu ! Quel malheur ! On ne le reverra plus jamais ! Qu’allons-nous devenir sans lui ?  
 
SYLVESTRE 
Allons ! Ne vous en faites pas pour sa Majesté, connaissant bien notre homme, il aura tôt fait de se faire une petite place au fin fond de l’univers. Souvenez-vous de l’une de ses célèbres devises : « Je suis sur mes terres et je vaque où bon me semble au gré de ma fantaisie ! » Eh  
bé, ça nous fera des vacances !  
 
CHRISTINE BOULANGER, lui passe rapidement les menottes au poignet après avoir passer en revue le lieu à l’aide des sa paires de jumelles infrarouges 
Au nom de la loi, je vous arrête, Monsieur Sylvestre !  
 
SYLVESTRE 
Et en quel honneur, Madame le profiler ? 
 
CHRISTINE BOULANGER 
Pour enlèvement et séquestration. 
 
SYLVESTRE 
Oh, peuchère ! Vous y allez un peu fort, ma belle ! (Il sort une bouteille de sirop d’érable) Si ce n’est que ça, reprenez-la, votre bouteille de sirop d’érable !  
 
CHRISTINE BOULANGER, repousse la bouteille 
Qu’avez-vous fait de Yann Hesse ?  
 
SYLVESTRE 
Qui donc ?  
 
CHRISTINE BOULANGER, lui tire l’oreille 
Je n’ai pas pour habitude de plaisanter au cours de mes enquêtes.  
 
SYLVESTRE 
Mais vous êtes complètement à la masse ! Aïe ! Vous me faites mal !  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Pour la dernière fois : qu’avez-vous fait de Yann Hesse ? Répondez !  
 
SYLVESTRE 
Cool, cool, ma belle !  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Répondez-moi !  
 
SYLVESTRE 
Ah, je vois. Vous voulez parler du mauvais garnement qui était encore attaché à une pierre il n’y a pas si longtemps d’ailleurs. A mon avis, il a dû lui aussi s’envoler. Et ne me demandez surtout pas où il est allé avec ce brouillard ! 
 
ROBERTO 
Cela suffit, Christine ! Retirez-lui les menottes !  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Je regrette, Roberto, Monsieur Sylvestre sera mon prisonnier jusqu’à nouvel ordre.  
 
SYLVESTRE, entraîne Christine Boulanger au bord de la falaise 
Bon, dans ce cas, si ça ne vous dérange pas trop, ma belle Christine, je Vais me dégourdir un peu les guiboles.  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Désolée, je dois enquêter ! 
 
SYLVESTRE, marche dans le vide avec Christine Boulanger 
Justement, Madame le profiler… allons voir plus loin s’il n’y a pas de pièces à conviction. On ne sait jamais ? Dès fois que l’autre andouille  
soit perché sur un nuage.  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Je vous rappelle que vous êtes le suspect n°1. 
 
SYLVESTRE 
J’ai beau regarder dans le fond de ma poche, hélas, Yann Hesse n’y est pas. A moins que ma poche soit trouée ? 
 
CHRISTINE BOULANGER 
Dites, comment se fait-il que nous marchions dans le vide ?  
 
SYLVESTRE 
Relaxe, baby, cool ! J’ai l’intention de vous emmener au septième ciel. J’espère que vous n’avez pas trop le vertige ? Relaxe, ma belle, tout va bien se passer !  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Mais comment se fait-il… ? 
 
SYLVESTRE, s’en va plus loin avec Christine 
Il parait qu’il y a des gens qui peuvent marcher sur l’eau. Eh bé, moi, je peux marcher dans l’air ! Ce n’est qu’une question de concentration, voyez-vous. Alors, ce n’est pas le pied ? Cool, cool, ma belle dame !  
Sylvestre et Christine quittent les lieux 
 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
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ACTE 1 / SCENE 7 
 
MISS MARYL, ROBERTO, LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS  
 
 
MISS MARYL 
Bon, il n’y a plus qu’à attendre sagement l’arrivée de l’équinoxe. 
 
ROBERTO 
C’est quoi encore cette histoire d’équinoxe ? Ne me dites pas qu’un miracle doit se produire ?  
 
MISS MARYL 
Il s’agit plutôt d’un supplice… d’après ce que dit Madame le profiler.  
 
ROBERTO 
Ramer est déjà un supplice.  
 
MISS MARYL 
Il ne s’agit pas d’une plaisanterie, Roberto.  
 
ROBERTO 
C’est normal que j’aie des douleurs aux bras ? Bon, très bien, je me couche ! (Il s’affale sur une pierre) Tiens, si vous faisiez un feu de camp  
en attendant. On commence à se les geler par ici.  
 
MISS MARYL 
Je regrette, il n’y a pas de bois sur le Rocher. Non, mais ! Et puis quoi encore ?  
 
ROBERTO 
Vous pouvez brûler les rames. (Il lui lance un briquet) Tenez, voici mon briquet !  
 
MISS MARYL 
Et comment va-t-on repartir ?  
 
ROBERTO 
Nous utiliserons le M.T.V pour décoller d’ici. Vous pouvez brûler la pirogue également.  
 
MISS MARYL 
Pas question ! Nous sommes arrivés à la rame, nous repartirons à la rame !  
 
ROBERTO 
Ce sera difficile à marée basse ! On va faire du surplace. Et puis, vous savez, une fois notre mission accomplie, je n’ai pas l’intention de m’éterniser dans le village de Percé… 
 
ROBERTO, toujours 
Le saumon y est fameux, certes, mais avouez tout de même que rien ne vaut la bonne cuisine de chez nous. Vous semblez oublier l’hôtel Pimodan et sa suite princière. Quand je pense que Gérard de Nerval y a couché, ainsi que Théophile Gautier, me voilà tout d’un coup transporté dans « les Champs de Maldoror » ! 
 
MISS MARYL 
Comme c’est étonnant de votre part, Roberto ! Tout d’un coup, Monsieur aspire à un lit douillet dans une suite princière, alors qu’il n’y  
a pas si longtemps vous ne rêviez que d’aventure au quatre vents.  
 
ROBERTO 
Oui, mais à condition qu’il ne fasse pas aussi froid et qu’il n’y ait pas autant de brouillard.  
 
MISS MARYL 
C’est vrai ! Les sables fins de Tanzanie me manquent terriblement à moi aussi !  
 
ROBERTO 
Là, vous me transpercez le coeur, Miss Maryl ! 
 
MISS MARYL 
Il faisait une chaleur torride, cette année-là ! 
 
ROBERTO 
Oh, Seigneur, prends pitié de ma longue froideur ! 
 
MISS MARYL 
Je ne vous parlerai pas non plus de toutes ces créatures super sexy sur la plage…  
 
ROBERTO, qui mime un guitariste 
The dream à l’état pure !  
 
MISS MARYL 
A la peau cuivrée de velours, mêlées de sangs chauds…  
 
ROBERTO 
And the sky is blue !  
 
MISS MARYL 
Avec de longues nattes bleutées nappées de henné  
 
ROBERTO 
En robe colorées !  
 
MISS MARYL 
Des lèvres d’acajou d’un rouge flamboyant… 
 
ROBERTO 
Des yeux de panthères cachés derrière un tissu de cachemire ! 
 
LA VOIX DU COMTE 
Assez, non d’une pipe ! Assez ! Vous feriez mieux de me sortir de là, bande d’incapables, au lieu d’élucubrer autant 
 
ROBERTO 
Ne serait-ce point la voix enrouée de Monsieur le Comte qui sifflerait en nos oreilles ? 
 
LA VOIX DU COMTE 
Espèce de farfelu ! Vous attendez quoi pour soulever cette pierre ?  
 
ROBERTO 
Quelle pierre ?  
 
LA VOIX DU COMTE 
Celle sur laquelle vous êtes affalé, idiot ! Et sous laquelle je me trouve coincé.  
 
ROBERTO 
Mais qui donc vous y a coincé, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais ?  
 
LA VOIX DU COMTE 
Ah ! Ne commencez pas avec vos questions à deux balles ? Bon sang ! Voulez-vous bien me sortir de là-dessous ! J’étouffe !  
 
ROBERTO 
Et comment diable allons-nous faire pour la soulever ? Cette pierre est très lourde !  
 
LA VOIX DU COMTE 
C’est très simple, vous n’aurez qu’à la faire pivoter dans le sens des aiguilles d’une montre. 
 
MISS MARYL 
Aidez-moi à pousser la pierre, Roberto ! 
 
ROBERTO 
Je ne tiens pas à avoir un tour de rein. 
 
LA VOIX DU COMTE 
Je vais l’étrangler, le bougre !  
 
ROBERTO 
A vos ordres, Majesté !  
 
(Miss Maryl et Roberto font pivoter la pierre)  
 
LE COMTE, sort du trou congelé 
Pas un mot, je vous prie. Je suis congelé. Et puis, je ne suis point d’humeur, ce soir. 
 
ROBERTO, balaye le peignoir du Comte avec sa main 
Laissez-moi au moins vous épousseter, majesté ! 
 
LE COMTE 
Fichez-moi la paix, Roberto ! Où est passée la squaw qui m’a tendu ce vilain piège ? 
 
MISS MARYL, allume le briquet et se rapproche du Comte 
Voilà qu’il délire à présent ! Agissons au plus vite !  
 
LE COMTE 
Puis-je savoir ce que vous comptez faire avec ce briquet, Miss Maryl ?  
 
MISS MARYL 
Vous réchauffer, Christophe Rodolphe et j’en passe !  
 
LE COMTE 
Ne gaspillez pas le gaz, voyons ! Donnez-moi ça ! (Il lui arrache le briquet des mains) Je vais en avoir besoin pour allumer un feu.  
 
ROBERTO 
Depuis quand êtes-vous sur le Rocher, Monsieur le Comte ?  
 
LE COMTE, brandit sa canne 
Fichez-moi la paix !  
 
ROBERTO, lui fait la révérence 
Mille excuses, mon Seigneur ! 
 
LE COMTE, lui botte les fesses 
Je ne sais pas ce qui me retient… ?  
 
MISS MARYL, lui fait un rapide baiser sur la joue 
Cessez de ronchonner autant, mon ami !  
 
LE COMTE 
Je reviens, je vais chercher du bois. N’ayez crainte, je reste dans les parages. (A l’aide de l’échelle, il se rend jusqu’à la pirogue) 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
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ACTE 1 / SCENE 8 
 
SYLVESTRE, LE COMTE, CHRISTINE BOULANGER,  
ROBERTO, MISS MARYL 
 
 
 
SYLVESTRE, qui marche dans l’air, surgit avec  
Christine Boulanger sur ses épaules 
Cool, baby, cool ! Sans quoi ça va être le plongeon assuré ! 
 
CHRISTINE BOULANGER, qui a les yeux fermés 
Qu’attendez-vous pour me déposer à terre ?  
 
SYLVESTRE 
Arrêtez de gémir comme une hyène, ça me déconcentre !  
 
MISS MARYL 
Vous voilà enfin, Sylvestre ! Devinez qui est là ? 
 
SYLVESTRE, pose ses pieds sur le Rocher 
Le temps pour moi de me débarrasser de mes bagages encombrants et je suis à vous ma petite dame. (Puis il s’adresse à Christine) Ouvrez les yeux, Christine ! Mes pieds viennent à l’instant même de fouler la terre ferme ! Terminus ! Tout le monde descend ! (Il jette Christine à terre  
comme un vulgaire sac de pommes de terre)  
Pendant ce temps-la, le Comte, debout dans la pirogue, casse une rame en deux pour se fabriquer une torche… 
 
ROBERTO, aide Christine à se relever 
Votre baptême de l’air s’est bien déroulé, ma chère Christine ?  
 
MISS MARYL, prend Sylvestre par le bras 
Vous ne savez pas la dernière, Monsieur Sylvestre ? 
 
SYLVESTRE 
Non, mais je vais le savoir. 
 
MISS MARYL 
Cela va vous réjouir. 
 
SYLVESTRE 
Je crains déjà le pire. 
 
MISS MARYL 
En vérité, notre homme ne s’est pas perdu dans une autre galaxie. Il était juste coincé sous une énorme pierre. 
 
SYLVESTRE 
Pauvre pierre ! Elle a dû drôlement souffrir ! 
 
MISS MARYL 
Je veux parler de Monsieur le Comte. 
 
SYLVESTRE 
Ca par exemple ! Ne me dites pas que Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais, Biais, Biais a fait son apparition sur le Rocher percé ?  
 
LE COMTE, est remonté par l’échelle entre temps, une torche à la main  
Je suis sur mes terres et je vaque où bon me semble au gré de ma fantaisie !  
 
SYLVESTRE 
Dois-je compter jusqu’à 3 pour me retourner ? 
 
LE COMTE, donne sa torche à Roberto et se place dans le dos de Sylvestre 
Alors, comme ça, ça vous fait des vacances !  
 
SYLVESTRE 
La vie est belle, Monsieur le Comte ?  
 
LE COMTE, lui tire l’oreille 
Espèce d’andouille ! J’ai failli suffoquer là-dessous !  
 
SYLVESTRE 
Je suis navré de l’entendre, Monsieur le Comte. 
 
LE COMTE 
Vous saviez que j’étais là-dessous ! Hein ? Vous le saviez ! 
 
SYLVESTRE 
Dites, comment se fait-il que tout le monde s’en prenne à mon oreille, ce soir ?  
 
LE COMTE 
Vous souhaitiez ma mort, c’est bien cela ?  
 
CHRISTINE BOULANGER, passe rapidement les menottes aux Comte 
Au nom de la loi, je vous arrête, Monsieur ! Vous avez le droit de vous taire. Tout ce que vous direz sera retenu contre vous.  
 
LE COMTE 
Je vous demande pardon ? Mais d’abord qui êtes-vous, Madame ? Je vous préviens, je suis hostile à toute forme de plaisanteries ce soir, voyez-vous. 
 
CHRISTINE BOULANGER 
Christine Boulanger ! Je suis actuellement sur la piste de Yann Hesse.  
 
LE COMTE 
Je ne connais pas cette andouille. 
 
LA VOIX DE YANN HESSE, surgissant des entrailles de la terre 
Andouille, toi-même !  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Sa maman a signalé sa disparition l’autre jour à la police de Montréal qui m’a chargé de l’enquête. En lisant le scénario de son 25ième télé roman, j’en ai déduit qu’il se trouvait en Gaspésie…  
 
LE COMTE 
Et vous voici ! (Il fait quelque pas avec Christine) En effet, tout ceci me semble fort intéressant, Madame le profiler, mais voyez-vous, ce ne sont pas mes oignons. Je n’en ai que faire de tous ces faits divers alarmants à 3 balles ! Ce n’est tout de même pas de ma faute si de nos jours les parents ne prennent plus leurs responsabilités à l’égard de leurs petits sauvageons.  
 
LA VOIX DE YANN HESSE, surgissant des entrailles de la terre 
Sauvageon, toi-même !  
 
LE COMTE 
Plait-il ? 
 
CHRISTINE BOULANGER 
Toujours est-il que vous vous trouvez sur le Rocher Percé depuis plusieurs heures et par conséquent, vous devenez aux yeux de la police le suspect n°1.  
 
SYLVESTRE 
Vous venez de me voler la vedette, monsieur le Comte ! Félicitation !  
 
LE COMTE, lui botte les fesses 
Foutez-moi le camp d’ici, andouille !  
 
LA VOIX DE YANN HESSE, surgissant des entrailles de la terre 
Andouille, toi-même !  
 
LE COMTE 
Et mon image ? Vous y pensez à mon image ? Retirez-moi ces menottes !  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Désolée. 
 
LE COMTE 
Dans ce cas, je vais me rendre dans le village le plus proche et louer les services d’un avocat pour ma défense.  
 
CHRISTINE BOULANGER 
Je vous arrête pour exhibitionnisme !  
 
LE COMTE 
Je vous demande pardon ?  
 
CHRISTINE BOULANGER, désigne du doigt le peignoir du Comte 
Vous ne comptez tout de même pas vous rendre au village de Percé avec ces oripeaux, les jambes nues ?  
 
LE COMTE 
Oripeaux, dites-vous ? Oripeaux ! Figurez-vous, Madame le profiler, qu’il s’agit-là d’une pièce de collection rarissime achetée à un prix d’or lors d’une vente aux enchères à Memphis, et ayant appartenue au « King » ! Certes, il est vrai que j’ai un mal fou à m’en séparer, mais à l’idée de savoir que le « King » a sué de toutes ses entrailles dans ce peignoir, cela me donne du « Peps » pour affronter la vie et les combats  
de chaque jour !!!  
 
SOUDAIN, LE CIEL S’OBSCURCIT ET L’ORAGE ECLATE 
 
LE COMTE, plonge dans les bras de Christine Boulanger 
Que se passe t il ?  
 
SYLVESTRE 
Le déluge, Majesté ! 
 
LE COMTE 
Où est la torche ? On n’y voit plus rien !  
 
ROBERTO, la torche en main 
Je suis là, mes amis !  
 
LE COMTE 
Par ici, bon sang ! Eclairez-nous !  
 
MISS MARYL 
J’y suis ! L’équinoxe !  
 
CHRISTINE 
C’est fort possible !  
 
LE COMTE 
Quittons immédiatement ce navire !  
 
MEJIGA LE GOELAND, au plumage fluorescent, surgit du ciel 
Vous n’irez nulle part, les enfants ! Vous subirez la grisaille jusqu’au bout de la nuit !  
Il vole en rase motte et pousse des cris strident. 
 
LE COMTE 
Que viens-tu faire ici, oiseau de malheur ? Retourne dans ta basse-cour !  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Voici venue l’heure du supplice !  
 
SYLVESTRE, se saisit de la torche pour effrayer le goéland  
Fous le camp d’ici, goéland ou bien tu vas finir sur la broche !  
 
MEJIGA LE GOELAND, tourne autour de Sylvestre 
C’est ce qu’on va voir !  
 
SYLVESTRE 
Je vais te griller vivant !  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Tu préfères l’aile ou la cuisse ?  
 
MISS MARYL, se saisit de la torche 
Ne lui faites pas de mal, Sylvestre, je vous en conjure, cet animal est inoffensif !  
 
SYLVESTRE 
Je ne vous ai pas demandé l’heure qu’il est ! 
 
LE COMTE, se débat de son coté avec Christine 
Retirez-moi les menottes immédiatement, madame ! 
 
CHRISTINE 
Pas question ! 
 
SYLVESTRE 
Rendez-moi cette torche !  
 
MISS MARYL 
Donnez-la moi !  
 
Soudain la foudre s’abat sur le Rocher. Tous se transforment en statues de glace, sauf Mijiga le Goéland. La pirogue s’en va flotter plus loin… Après quoi, la pierre sur laquelle repose Yann Hesse jaillit de terre et se soulève comme un promontoire jusqu’à 1 mètre du sol. 
 
FIN DE LA SCENE 8 
 
FIN DE L’ACTE 1 
 
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EPILOGUE 
 
SYLVESTRE, LE COMTE, CHRISTINE BOULANGER,  
ROBERTO et MISS MARYL (transformés en statues de glace) 
 
 
 
MEJIGA LE GOELAND, YANN HESSE (Sous les traits de Glooscap) 
 
YANN HESSE, a pris l’apparence d’un jeune Iroquois du nom de Glooscap 
Grâce au Grand Esprit, je suis vivant !  
 
MEJIGA LE GOELAND, se pose et reprend l’apparence de l’indienne 
Glooscap, mon bien aimé ! Tu es là au rendez-vous !  
 
Elle s’agenouille devant lui 
 
YANN HESSE 
Tu m’as terriblement manqué, ma tendre Méjiga. 
 
MEJIGA LE GOELAND 
Je n’ai cessé de penser à toi, mon bien aimé, tout au long des siècles passés. 
 
YANN HESSE 
Es-tu allé à Menigoo ? L’herbe verte et les forêts sont-elles aussi luxuriantes qu’on le prétend ?  
 
MEJIGA LE GOELAND 
Maintes fois mes mocassins ont foulé le doux tapis de cette île enchanteresse, et maintes fois je me suis imaginée à tes cotés, main  
dans la main, flânant dans la forêt, le cœur joyeux. 
 
 
 
YANN HESSE 
Tu as pensé à me rapporter ma nourriture quotidienne, Méjiga ? J’ai une faim de loup, vois-tu ? 
 
MEJIGA LE GOELAND 
Hélas, mon brave Glooscap, aujourd’hui, tu n’auras droit qu’à une miche de pain. La nourriture se fait très rare au campement depuis que le chef de la tribu a confisqué toute ma réserve pour l’hiver. Celui-ci a chargé les mauvais esprits de surveiller mes moindres faits et gestes. Malgré tout, j’ai pu m’enfuir pour venir te rejoindre au Rocher.  
 
YANN HESSE 
A l’heure qu’il est, le chef doit être à tes trousses ? Vite ! Détache-moi !  
Nous devons nous enfuir rapidement ! 
 
MEJIGA LE GOELAND, sort un couteau de sa poche 
Où veux-tu qu’on aille ?  
 
YANN HESSE 
Tu rêves toujours de flâner à mes côtés, main dans la main ? Dans ce cas, défais mes poignets ! Dépêche-roi, le temps presse ! 
 
MEJIGA LE GOELAND, défais les liens  
Et comment allons faire pour nous rendre jusqu’à l’île ? 
 
YANN HESSE 
Comment ? Tu n’es pas venue en pirogue ?  
 
YANN HESSE 
J’ai empreinté la voie des galets. Seulement, tout à l’heure, nous étions  
à marrée basse… ce n’est plus le cas, à présent. 
 
YANN HESSE 
Il nous faut trouver un moyen pour nous enfuir d’ici, mais lequel ?  
 
SOUDAIN, UN NUAGE FLUORESCENT PASSE AU DESSUS D’EUX  
 
LA VOIX DU GRAND ESPRIT, depuis le nuage 
Glooscap ! Glooscap ! Te souviens-tu de moi, mon garçon ? 
 
YANN HESSE 
Et comment que je me souviens de vous, Grand Esprit ! 
 
LA VOIX DU GRAND ESPRIT 
Je viens de quitter à l’instant mon Territoire de chasse pour venir jusqu’à toi. Et si nous fumions la pipe sacrée comme au bon vieux temps ? Hein ? Qu’en dis-tu, Glooscap ?  
 
(Un long bras qui tient dans une main une pipe jaillit hors du nuage pour remettre la pipe à Glooscap) 
 
YANN HESSE, prend la pipe 
J’accepte volontiers, Grand Esprit ! C’est un honneur pour moi. 
 
Il fume 
 
LA VOIX DU GRAND ESPRIT 
Maintenant, tu peux faire appel à tes pouvoirs, Glooscap, et t’enfuir du Rocher percé.  
 
YANN HESSE 
Je vous remercie pour votre précieuse aide, Grand Esprit !  
 
LA VOIX DU GRAND ESPRIT 
Soyez heureux, mes enfants ! Longue vie à vous !  
Puis le nuage s’évapore 
 
YANN HESSE 
Approche, Méjiga, approche ! Le moment tant attendu est arrivé, nous allons nous rendre dans les eaux chantantes. 
 
Méjiga donne la main à Glooscap. Tous deux se jettent du haut de la falaise et disparaissent aussitôt… 
 
Peu après, les statues fondent… 
 
 
 
FIN DE L’EPILOGUE 
 
 
FIN DU 2ier EPISODE 
 
A suivre dans le troisième épisode de la série qui a pour titre : "La Sirène du Fleuve Congo" 
 
 
 


 

(c) Emilien Casali - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 14.09.2021
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